Blog du cahier de brouillon

L'été est, à entendre les uns et les autres, "la" saison la plus propice à la lecture. Les vacances aidant, il est vrai que les moments calmes peuvent être plus nombreux que d'ordinaire, quoique l'hiver me semble également une saison adaptée aux moments de tranquilité, en raison notamment des journées courtes qui favorisent autour du feu avec un bon bouquin. Comme l'automne, transition entre deux saisons majeures, qui donne du baume au coeur à qui veut profiter d'un ouvrage d'excellence. Et le printemps, annonciateur des beaux jours -donc parfois menteur, qui donne envie de plonger dans les romans que l'on meure d'envie de dévorer sans attendre l'été. Bref, chaque saison me semble effectivement propice à la lecture, mais l'été, à entendre les uns et les autres, est vraiment la saison propice à la lecture...

 

Cible mouvante
Ross MacDonald

Peut-être mon meilleur moment de lecture de cet été ! Un cocktail détonnant, noir à souhait, sur la côte ouest des USA. Certains se souviendront du film tiré de ce roman, avec Paul Newman en vedette. Les quelques flash qui me sont revenus en mémoire ont collé admirablement au texte, donnant, pour une fois, un éclairage orienté d'une lecture que d'ordinaire j'aime imaginer.

Le style surclasse Hammet et Chandler et tient la dragée haute à Ellroy. Y a pas à chercher plus loin, c'est du lourd !

 

Les nouvelles affaires du juge Ti
Zhu Xiao Di

Créé par un hollandais, Robert Van Gulik, le juge Ti officie à la manière des juges chinois du 12ème siècle. Confucianisme oblige, les jugements -et la méthode- relèvent parfois du jugement de Salomon et ne cessent d'interpeller sur ce qui se passerait si le juge échouait...

Heureusement, le juge est perspicace, l'histoire est joliment contée sur un ton que l'on imagine convenir à la Chine de cette époque -la Chine nouvelle est-elle loin de cette époque ? - et ce roman est un délicieux moment de lecture... estival.

 

Code 1879
Dan Waddell

Une enquête quelque peu hors du commun, au sens propre, le sous-titre "les enquêtes du généalogiste" n'est pas anodin : la solution se trouve dans le passé et la méthode pour résoudre le problème est somme toute originale... Bien ficelée, l'intrigue, en ces temps d'olympiades anglaises, visite les quartiers de Londres aux noms évocateurs qui rappellent, de loin, le monde d'Oliver Twist brodé par Dickens.

La technique de l'auteur pour tenir le lecteur en haleine est efficace et le roman se boit comme... un petit thé avec un nuage de lait, n'est-il pas ?

 

Le bonhomme de neige
Jo Nesbo

Une enquête choc de l'inspecteur Harry Hole, qui promène le lecteur à travers la Norvège comme d'autres font du patin sur glace : à chaque tour, on a l'impression que la fin est proche. La tension est partagée avec Hole tout au long du roman, à la recherche du criminel sauvage et sans vergogne qui se croit, comme toujours, au-dessus du lot.

L'oeuvre est nette, sans bavure mais éprouvante pour les nerfs ! Donc certainement bien écrite...

 

Le léopard
Jo Nesbo

Bon, non content d'avoir été éprouvé par le précédent, je me suis lancé dans cette aventure que, non sans vanité, un critique littéraire compare à Millenium : "si vous trouvez que Millenium est un chef d'oeuvre, c'est que vous n'avez jamais lu un roman signé Jo Nesbo" ! Certes, la barre est haute, mais au bout du compte, Harry Hole la franchit avec la souplesse d'un léopard.

Encore un fois, le Norvégien mène une investigation qui met à rude épreuve les nerfs du lecteur (les miens pour le moins) qu'il promène d'un bout à l'autre du livre comme un chat joue avec une souris ! Mais dans cette enquête compliquée, M. Nesbo, j'avais trouvé le coupable bien avant que vous ne me le présentiez... Des années de pratique avec Mme Christie ne peuvent rester complétement stériles !

 

Mortes-eaux
Donna Leon

Venise ! J'adore Venise ! Alors comment ne pas aimer les aventures, même policières, qui se situent à Venise ? Pour l'heure, la présente se passe sur la lagune vénitienne oû l'on découvre le monde autarcique d'un des ilôts proches de la Sublime.

Un embroglio qui ramène à des raisons plus prosaïques que les romans précédents mais qui tient la distance, même si le genre et le style paraissent du coup un peu plus légers.

 

De sang et d'ébène
Donna Leon

J'aurais aimé finir par le meilleur, mais j'ai pris un autre parti. De tous les romans de Donna Leon, celui-ci est celui qui m'a le moins mobilisé bien que le sujet soit, par une étrange symétrie, des plus intéressants. De fait, une énième enquête du commissaire Brunetti qui laisse sur sa faim, à raison puisque le sujet de fond est loin d'avoir trouvé une solution.

Mais peut-être est-ce moi qui ne comprends rien ... !

Tel est le titre de ce roman, décalé et surprenant, de Howard McCord publié aux éditions Gallmeister. Ecrit avec beaucoup de finesse et, oserais-je le dire, de souplesse, ce récit n'en fini pas de me questionner. Entre paranoïa et altruisme, j'ai pris autant de plaisir à le lire qu'à regarder "Lost in translation". On aime, on aime pas, mais dans tous les cas, aucune de ces deux oeuvres ne laisse indifférent.

Non, le traité ACTA n'est pas passé au parlement européen ! Cette prise de conscience, orchestrée depuis de nombreux mois par les partisans des droits à la liberté du net, est déjà en soi une bataille gagnée. Une bataille, car il y a fort à parier, et à craindre, qu'il y en aura d'autres et que la guerre des libertés soit plus longue qu'il n'y paraît aujourd'hui.

Oui, les mesures anti-libertés vont continuer de fleurir sur la route de l'internet, qui n'est qu'une illustration de ce qui se profile en arrière plan, dans un monde plus pernicieux. En fait George Orwell, par anticipation, avait déjà illustré ce que risque de devenir notre univers si nous laissons tout un chacun décider à notre place : un monde sous le contrôle d'une puissance économique au service de l'argent. Là, tout est est permis et la limite n'existe plus... Rien que d'y penser, j'en ai des frissons dans le dos !

Dire que Bach est tombé dans le domaine public tiendrait presque de la Lapalissade ! Depuis le temps que le brave compositeur, tant prolifique fut-il sans être futil, a rendu grâce à son créateur. Disparu en 1750, ses oeuvres sont déjà tombées dans le domaine public depuis 1820. Certes, mais si les partitions sont accessibles à chacun, les enregistrements ne sont pas l'oeuvre pour autant du génial musicien. Enregistrées par différents interprètes, dont l'un des chantres est certainement sans conteste Glenn Gould, les oeuvres de JS Bach sont toujours soumises à droits d'auteur... au moins jusqu'en 2052 concernant les interprétations de M. Gould.

Il faut donc saluer l'initiative de Kimiko Ishizaka qui vient d'enregistrer, sous licence Creative Commons Zero, les Variations Goldberg. L'histoire est sympatique et se trouve sur le site où peuvent être téléchargées, en toute légalité, ces oeuvres libres de droits.

Ce n'est pas moi qui le dit, voyez plutôt ci-dessous. A l'heure où le réseau social le plus intrusif dans la vie privée prend le bouillon dans la cour des grands, faisons un retour sur les notions fondamentales de cette sympatique réunion d'amis, à laquelle tous, dont ma pomme, ne veulent décidément pas adhérer...