Humeur n° 3

Rédigé par Yannix Aucun commentaire

Non, les cons ne sont pas en voie d'extinction

Con (source : wiktionnaire) :

(XIIe siècle) De l’ancien français conil (« sexe de la femme / lapin »), venant du latin cuniculus (« lapin / terrier ») à rapprocher du grec ancien κόνικλος, koniklos (« à la fois galerie de mine, lapin et sexe de la femme. »). La forme féminine "conne", au sens de "stupide", est attestée sous forme adjectivale en 1831 chez Mérimée et Stendhal.

1. (Vulgaire) (Vieilli) [Forme masculine uniquement.] Sexe de la femme.

2. (Par métonymie) (Vieilli) [Forme masculine uniquement.] Rapport sexuel, dans l’expression les choses du con.

3. (Vulgaire) (Injurieux) Personne stupide, désagréable ou mauvaise à force de bêtise (pour une femme on dit : conne).

A voir également la page Wikipédia dédiée au sujet.

 

Usager des transports en commun de la cité où je réside, je m'agaçais récemment en constatant le pourcentage de cons qui peuplent ces lieux de promiscuité. Pourtant, il en va de cette population comme des autres : dans un échantillon donné, quelque soit le nombre d'unités, la proportion semble bien constante. Mais il m'avait semblé que, bien au contraire de toutes les théories en vigueur, et de manière tout à fait exceptionnelle, ce jour-là les proportions n'étaient pas respectées et qu'il y avait une concentration inhabituelle de cons en ces lieux restreints.

Au milieu de mes congénères, je ne cesse de m'interroger : suis-je con ? Car en paraphrasant Michel Audiard, "un con, ça ose tout, et c'est même à cela qu'on le reconnaît !" Je suis souvent - très souvent - perturbé par cette idée d'être entouré par des cons. Et à chaque fois que cette pensée m'effleure, je me demande, de fait, de qui suis-je le con ? Car, à l'évidence, dans ce monde il est compliqué de plaire à tous, d'être bien vu par tous et d'emporter l'adhésion de tous. Par effet de bord, il y a nécessairement des personnes, proche de mon entourage, qui ne peuvent me considérer que comme un con !

Lorsque le Général De Gaulle répondait "vaste programme !" à celui qui venait de lancer "mort aux cons !", il devait à l'évidence savoir de quoi il parlait. Il avait dû étudier le sujet avec la minutie qu'on lui connaissait, puis décidé au bout du compte que d'autres affaires requéraient son temps si précieux. Lorsque l'on y réfléchit, il n'avait pas tort au fond, le Général ! "Les cons, ça ose tout ! C'est même à ça qu'on les reconnaît !" disait, avec sagesse, monsieur Audiard. Phrase qui sonne juste et pose un constat qui en dit long : les cons sont capables de tout !

Nous sommes tous le con de quelqu'un. A dire le vrai, dans un groupe, si je ne trouve pas rapidement qui est le plus con, c'est que le plus con, c'est moi ! D'où une certaine acuité sur la question et un exercice quasi quotidien quant à la détection du connard fini, outrancier à souhait, imbu de soi, qui donne envie à tout le monde de lui enfoncer un poing dans sa gueule de con. Appel à la violence ? Non, point de violence en ce monde qui sait suffisamment l'être sans mon intervention. Juste des envies qu'il convient de refouler avec l'idée, en fil rouge, que les cons sont l'émanation d'une humanité qui n'est pas en voie d'extinction. Point. Ou poing dans la gueule, c'est selon. Mais là, le con n'est plus celui que l'on pensait... Attention, danger ! La frontière entre le con et son observateur est parfois fine, si ténue qu'elle se franchit très facilement et l'observateur devient lui-même l'individu qu'il dénigrait quelques instants plus tôt. Pensons tout le mal que l'on veut des cons, mais soyons néanmoins bienveillants envers toutes et tous. Une règle qui exige un sacrifice, certes, mais qui éloigne de soi la connerie des autres et une potentielle contagion dont il serait difficile de se remettre.

Et par principe, la règle qui veut que les cons, se sont forcément les autres, ne doit pas s'appliquer à la lettre ! Là encore, le risque est grand de tomber dans la fosse aux cons, et d'être par conséquent le con des autres. Ah ! Qu'il est difficile de se sortir de ce cercle vicieux où à vouloir défendre une cause, je tends le bâton pour me faire battre. Dans cette histoire, je vais finir par passer pour un con ! A cela, il sera aisé de me répondre que c'est déjà fait. Certes ! Ou pas ! Et si la preuve doit être recherchée, il n'est qu'à regarder l'attitude de tout un chacun au volant de sa voiture ! S'il y a bien une situation parmi d'autres où le con qui sommeille en chacun de nous se réveille et se magnifie, c'est bien au volant ! L'humanité sait aussi se hisser au sommet de la création avec beaucoup d'imagination et de candeur. Enfin, la connerie donne les ailes à ceux qui sont ordinairement tout près des pâquerettes ! Pour autant, les pâquerettes sont des fleurs et les fleurs n'ont rien de con. Dès lors, au volant, les incivilités sont légions, les mots doux et noms d'oiseaux volent bas, c'est le règne du TPMG ! Tout Pour Ma Gueule. Je suis le roi du monde et j'emmerde tous les autres. Postulat nécessaire et impératif pour refuser la priorité au stop, doubler sur une ligne continue, passer au feu rouge et manquer d'écraser le caddie de Mamie ou le brave type qui se croyait à cet instant en sécurité... la liste est longue, elle est entachée du rouge sang qui colle aux téléphones portables et au compteur de vitesse dont l'aiguille ne monte jamais assez vite. Voyez, je la monte à 80 sur la zone limitée à 30 et il n'y a pas de problème ! Bon, le jour où le gosse traversera devant moi, il faudra que j'explique à sa famille que pourtant, jusqu'ici, je n'avais jamais eu de souci ! Et s'il avait été prudent, ce ne serait pas arrivé ! Oui, le règne du TPMG est dangereux, sachons-le.

Pour autant, le TPMG ne sévit pas qu'au volant. La foule est génératrice de TPMG. Celui qui saute littéralement sur une place assise, faisant fi des convenances, en bousculant la vieille dame qui avançait péniblement vers le siège ; celle qui feint de ne rien voir et qui double outrageusement dans la queue de la file l'attente ; celui qui met le son de son smartphone à tue-tête sans s'inquiéter le moins du monde de la gêne qu'il occasionne dans son entourage ; ce sont ainsi des dizaines d'exemples de comportements associables qui sont notables dans une journée. La promiscuité de la condition de citadin crée une tension dans les relations sociales qui se traduit dans les comportements, tendant de façon très sensible à rendre tout le monde con. Un monde de cons, ça vous parle ?

Où est passé le temps des gentilshommes, le temps où galanterie rimait avec bonnes manières, faisait que l'on s'effaçait devant une dame - une vraie ! - et non pas une roulure qui profère des injures à longueur de temps. La société se construit sur la perception qu'à sa jeunesse, pas sur l'expérience des vieux. En Afrique, il est de coutume de dire que la richesse d'une famille, et du village où elle vit, ce sont les enfants. Parce que les enfants perpétuent les us en cours, et prennent en charge leurs aïeux. De nos jours, ce concept est largement dépassé et je passerai pour un vieux con à vouloir le rappeler. Pour autant, c'est bien au rythme des enfants que se construit l'environnement ; que l'on se souvienne d'un président de la république qui glosait son interlocuteur qui peinait avec l'expression "câblé".

La société d'aujourd'hui est-elle une fabrique à cons ?

Classé dans : général, libre Mots clés : con, société, cadre de vie

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